20h30
séance à Lunas, salle des fêtes
(1959) USA 2h21 Howard Hawks
Avec: John Wayne, Dean Martin
Le shérif de Rio Bravo, John T.Chance a assisté à la déchéance de son adjoint Dude qui a sombré dans l’alcoolisme après une déception amoureuse. L’arrestation de Joe Burdette qui vient d’abattre un homme de sang-froid, va permettre au shérif, aidé par ses coéquipiers, de donner à Dude l’occasion de se réhabiliter.

Point d’orgue de la carrière d’Howard Hawks, « Rio Bravo » est considéré par beaucoup comme le chef-d´oeuvre classique par excellence. Depuis cinquante ans, Rio Bravo est l’objet d’une véritable vénération de la part d’une multitude de cinéphiles à travers le monde
Et puis, il y a la musique, qui participe aussi à notre appropriation du temps et nous permet de nous lover davantage dans la complicité d’amis attendant la confrontation, le dénouement final du drame, dont ils savent, en hommes sages, qu’il adviendra tôt ou tard. Hawks choisit d’abord pour son film un thème mexicain pour tambours et trompettes, sublime tout autant qu’il est obsédant, le Degüello, qui signifie littéralement « égorgement ». Cet air militaire aurait été joué par les Mexicains lors du siège de Fort Alamo en 1836. Sa beauté ajoute à celle toute entière du film. Et alors que les choses semblent vouloir se précipiter, le réalisateur nous accorde un petit récital inattendu, dans la prison, par Dean Martin himself poussant la chansonnette « My Rifle, My Pony and Me« , bientôt accompagné par Ricky Nelson (Colorado) à la guitare. La scène est délicieuse, imprévue et l’émotion qui en émane semble aussi bien nous envahir que les acteurs eux-mêmes.

A l’instar du monstre sacré du western, John Ford, Hawks ne se soucie pas de renouveler le genre mais au contraire, prend ses aises à l’intérieur, utilisant tous les éléments connus et existants ayant émaillé une multitude d’autres westerns, se démarquant ainsi des ‘sur-westerns’ à tendance psychologique, comme Le gaucherde Arthur Penn, qui commencent à se faire de plus en plus nombreux. Point d’intellectualisation ni de profonde psychologie : Hawks est un classique, un bon vivant plus qu’un cérébral, et souhaite rester respectueux de toute la codification d’un genre qu’il a déjà abordé à deux reprises, toujours avec la même réussite. Là où il se démarque de ses confrères, c’est par la nonchalance, la décontraction et la désinvolture qu’il insuffle à un film (dvdclassik)
Howard Hawks
Il se considérait comme un artisan et non comme un artiste. Il racontait ses histoires de manière linéaire, sans artifices, sans flash-back et souvent sans ellipses, dans un style limpide et fluide que l’on aurait tort de croire simple : il représente le comble du savoir-faire. Il prenait le cinéma pour ce qu’il est, un divertissement populaire.
Bien sûr, les choses lui ont été plus faciles qu’à d’autres, de par sa naissance dans un milieu favorisé : une famille de riches commerçants de l’Indiana qui émigre en 1906 en Californie où elle vient d’acquérir des orangeraies. A seize ans il possède une voiture puis un avion, il participe à des courses, s’engage comme pilote pendant la Première Guerre mondiale. Il entrera à Hollywood par la petite porte, pas du tout certain d’y trouver sa voie. Mais, évidemment, quand on est grand, blond, athlétique, quand on peut compter sur l’argent de papa, quand on joue au tennis avec Mary Pickford, quand on est à tu et à toi avec Douglas Fairbanks… ça aide à faire son chemin.
A partir de 1923, Howard Hawks se fait un nom en tant que scénariste. En 1926, il tourne son premier long métrage, The road to glory (il en fera le remake en 1936). La célébrité attendra encore quelques années. Il l’obtiendra grâce à Scarface, biographie du fameux gangster Al Capone (1932). Dès lors, sa carrière est lancée. Avec un brio hors du commun, il se frotte à tous les genres. Western, film de guerre, film noir, comédie, aventure, à chaque fois (ou presque), bingo !
Qu’a-t-il donc de si particulier qui fait que ses films marchent ? Tout d’abord, il sait choisir avec soin ses comédiens. De nombreux débutants ou quasi débutants lui doivent d’ailleurs leur carrière, Carole Lombard, Lauren Bacall, Montgomery Clift, entre autres. Il est un directeur d’acteurs hors pair : pensez à John Wayne, par exemple, qui n’a jamais été aussi bon que sous la férule de Hawks. Il leur donne à dire des dialogues au naturel confondant, et en cela se démarque très vite des autres réalisateurs venus du muet qui s’embourbent dans le théâtre filmé. Et puis, surtout, il raconte des histoires. « Je suis un raconteur d’histoires, disait-il, c’est la fonction principale du réalisateur. » Des histoires qui brossent, à travers ses quelque quarante films, un portrait fidèle et honnête de la société américaine telle qu’il la percevait. (Avoir à lire)